La violence à l'école : parents, votre ado a besoin de vous!
Violence physique, cyberharcèlement, quête identitaire: l’adolescence peut être une étape difficile à vivre. Cependant, en misant sur la prévention et en tendant constamment la main à son enfant, les parents peuvent être d’une grande aide, estime Sandrine Saison-Marsollier, experte en pédagogie auprès de la Fondation Graines de paix à Genève.
Informations utiles
Quel comportement fera penser que son enfant est victime de violence physique, psychique ou sexuelle?
Il s’agit souvent d’un faisceau de signaux. Ce peut être une attitude colérique, des notes inhabituellement mauvaises, un manque d’appétit, des troubles du sommeil, la peur d’aller à l’école et surtout l’envie de ne plus rencontrer personne. Evidemment, ces comportements peuvent aussi être simplement liés à l’adolescence. Cependant, en cas de troubles plus grave comme le harcèlement, le mal-être sera constant et les parents auront l’impression de ne plus reconnaître leur enfant. Ils devront donc essayer d’en savoir plus sur ce qu’il vit.
Comment inviter son ado à se confier?
Créer, dès le plus jeune âge, des routines avec son enfant est important. En lui demandant régulièrement comment il se sent, en faisant part de ses observations à son sujet et en mettant des mots sur son propre état émotionnel, les parents peuvent tisser des relations privilégiées sur la durée. Ce genre de rendez-vous durant lequel parents et enfant se retrouvent dans un environnement de confiance est propice au dialogue.
Avec un adolescent, on pourra par exemple initier une conversation en voiture. On se retrouve alors, en étant certain que personne ne pourra nous entendre, dans des positions où l’on ne se regarde pas. Il n’y a pas de face à face.
Puis-je aller fouiller dans les affaires de mon ado s’il refuse de me parler?
Non, cela est fortement déconseillé. Les adolescents veulent être considérés comme des personnes à part entière et demandent à être respectés. Si votre enfant ne veut pas se confier, il faut lui faire part de son inquiétude et lui proposer des aides externes. Les parents peuvent par exemple fournir le nom de sites et lignes téléphoniques où l’on peut se confier en toute sérénité. Bien évidemment, il faut aussi prendre rendez-vous avec son professeur, voire essayer d’entrer en contact avec ses amis. Mais dans tous les cas, il faut avertir son enfant des démarches et faire preuve de transparence.
N'est-ce pas avant tout au corps professoral de résoudre les problèmes dans les établissements scolaires?
Non, parents et enseignants doivent tirer à la même corde et ont un objectif commun: l’épanouissement et la réussite de l’adolescent. Les parents, même s’ils sont épuisés, n’ont pas le droit de laisser tomber leur enfant. Ils doivent tout faire pour qu’il garde la tête hors de l’eau et pour garder un lien avec lui. C’est primordial. Si votre enfant est rejeté à l’école et éprouve ensuite le même sentiment quand il rentre à la maison, ce sera pour lui un vrai cauchemar!
Il est donc très important, en tant que parents, d’apprendre à ne pas se laisser submerger par la situation et à verbaliser ses émotions devant l’adolescent. Différer les moments d’échanges peut être un bon moyen pour retrouver son calme et revenir plus tard sur une situation problématique. Dans tous les cas, que ce soit de la colère ou de la lassitude, il faut mettre des mots sur ce que l’on ressent et le lui dire.
Que faire si mon enfant est l’agresseur?
Il est essentiel de chercher à développer les compétences socio-émotionnelles de son enfant. Les rituels cités ci-dessus y contribuent. Il faut ainsi lui inculquer des valeurs comme l’empathie et la solidarité. Cela prend du temps bien sûr et doit commencer très tôt. C’est pourquoi la prévention joue un rôle essentiel.
Les parents doivent aussi définir un cadre précis avec leur enfant dont ils sont le garant. Il s’agit d’une sorte de charte de famille comprenant une série de points non-négociables et de directives qui sont amenées à évoluer avec l’âge de l’enfant. Il faut aussi définir des conséquences en cas de non-respect des règles qui ont été décidées.
Mon enfant est dans une classe à problème mais ne connait lui-même pas de difficultés particulières. Dois-je quand même m’inquiéter?
Oui, la situation peut devenir problématique, même si l’adolescent n’est ni l’agresseur ni la victime. En effet, si la personne qui cause des troubles n’est pas sanctionnée, les autres élèves pourront croire que ce comportement n’est pas grave, ou pire développer un sentiment d’impunité. Par ailleurs, il se peut qu’un élève devienne membre du groupe des agresseurs, juste pour être accepté dans la classe. Là aussi, il faut être vigilant.
A cette fin, les parents ont un grand rôle à jouer: ils doivent constamment rappeler le cadre fixé et appliquer les sanctions qui y sont associées. Ils doivent aussi se montrer exemplaire, car il faut se souvenir d’une chose essentielle: les enfants sont davantage influencés par les comportements qu’ils voient que par les messages qu’ils entendent.
Le théâtre comme solution
Active Suisse, au Bénin et en Côte d’Ivoire, la Fondation Graines de paix développe des projets visant à développer une éducation prenant en compte les compétences socio-émotionnelles des élèves, à prévenir toutes formes de violence et à contribuer à un vivre-ensemble de qualité.
L’un de ses projets, baptisé AdoGoZen, débutera en février 2024 dans des centres socio-culturels des cantons de Genève, Vaud et Valais et abordera différentes situations auxquelles les adolescents âgés de 12 à 16 ans peuvent être confrontées (discrimination, violence sur les réseaux sociaux, violence que l’on a en soi, par exemple) dans le cadre d’un théâtre-forum. Encadrés par des animateurs qui proposeront plusieurs mises en scène, les élèves (sur scène et dans le public) seront invités à interagir afin de s’affirmer et de lutter contre la banalisation de la violence. AdoGoZen bénéficie du soutien du Pour-cent culturel Migros.
Photo: Getty Images
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